INTERVIEW SUR LE DATA MANAGEMENT DANS L’ENTREPRENEURIAT JEUNE

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Wilfired Adingra, représentant de la jeunesse ivoirienne auprès de l'UNESCO
Wilfired Adingra, représentant de la jeunesse ivoirienne auprès de l’UNESCO

« Un jeune entrepreneur maîtrisant parfaitement le Data management peut proposer des services innovants aux entreprises. »

Représentant de la jeunesse ivoirienne auprès de l’Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et fondateur de LOUMEN-NOUNE Corporation, une entreprise œuvrant dans l’accompagnement structurel des entreprises, Wilfried Adingra est Spécialiste en Data management. Il nous livre dans cette interview, les spécificités de ce domaine en plus de l’utilité qu’il pourrait apporter aux jeunes entrepreneurs.

Qu’est-ce que le Data management et depuis quand à t-il commencé à entrer dans les mœurs des entreprises et des organisations?

Pour faire simple, le Data management c’est la gestion de données au sein d’une entreprise et/ou d’une organisation. C’est un exercice complexe qui requiert une certaine expertise dans l’approche de solution pour les entreprises. Cette gestion des données est une branche des technologies de l’information qui consiste à définir une approche stratégique au sein d’une organisation afin de collecter, organiser, traiter et partager des informations pour assurer une efficacité dans le production et le rendement. Il a fait son apparition à partir des années 1970 dans les pays développés (Etats unis). A cette période, le format classique se voyait peu à peu abandonné au profit du format électronique. C’est ce nouvel environnement technologique qui lui a donné un caractère encore plus formel.

Au travers de cette gestion des données numériques, qu’entendez-vous par production et rendement au sein d’une organisation?

L’erreur que font certaines entreprises/organisations ou du moins leurs responsables est de rassembler l’information dans un seul endroit et de permettre les accès à tous les membres de la structure. Supposons par exemple qu’un chef d’entreprise, par la mauvaise gestion de l’information, rende toutes ses données accessibles même au « plus petit » employé. Pour être plus encore précis, S’il s’agit des chiffres d’affaires des trois derniers exercices et s’il s’avère aussi que le traitement salarial de ces individus ne soit pas visiblement proportionnel aux entrées de la structure, cela peut occasionner des frustrations pouvant engendrer des crises à long terme au sein de celle-ci. Cet exemple est assez simple, mais quand on va beaucoup plus loin, on comprend qu’à travers la bonne gestion de l’information, on peut prévenir les conflits et les détournements de fonds. On peut également maîtriser le stock pour assurer une production et une vente efficace, amortir les risques, et surtout mieux gérer son personnel. A travers la gestion de l’information, le responsable de la structure comprend donc qu’il doit bien traiter ses informations tant au niveau des salaires que des avantages liées aux postes et, par la même occasion, ses collaborateurs car ceux-ci peuvent détenir ou gérer les informations sensibles dans l’entreprise. Ce sont ces détails, souvent négligés, qui font perdre du temps et de l’argent aux entreprises publiques/ privées et aux organisations non-gouvernementales (ONG).

Pour en revenir à l’approche stratégique, en quoi consiste-t-elle véritablement ?

A notre niveau, nous partons d’une démarche qui suit quatre étapes fondamentales, à savoir faire un audit informationnel, trier et classifier les informations, tracer les canaux d’informations et enfin concevoir les outils technologiques de gestion de l’information. Pour la première étape, l’audit est une analyse préalable qui consiste à poser un diagnostic clair en matière de management des informations dans une organisation. A cet effet, nous disposons d’une panoplie d’outils s’appuyant sur des méthodes simples et innovantes pour faire ressortir les caractéristiques informationnelles de l’organisation. La seconde étape consiste en un tri et à une classification de ces informations. Il est important de savoir que toutes les données ressortant de l’analyse préalable sont d’une importance capitale pour le fonctionnement de l’organisation. Dans leur manipulation, elles peuvent se révéler d’un caractère pertinent pour celle-ci. Il est donc primordial qu’elles soient classifiées par catégorie et par niveau. Les catégories désignant le regroupement des données d’une même nature avec les niveaux structurant les accès à ces données. Quant à la troisième étape, elle consiste à tracer les circuits des informations de l’organisation.
En effet, une information dans une entreprise doit suivre un chemin fiable et précis depuis la collecte, en passant par le traitement jusqu’à l’utilisation finale. Dans ce cas de figure, il faudra connaitre l’utilité de chacune d’elles, définir les canaux par lesquels elles doivent circuler et connaitre les différents acteurs qui utiliseront ces données. Tout cela à un but fondamental, celui de maîtriser les flux d’informations au sein de l’organisation afin de les utiliser à des fins productives. Aussi, il faudra définir des canaux purement internes concernant la gestion courante de l’organisation et les canaux internes/externes mettant de façon dynamique tout le dispositif en relation avec l’extérieur. Enfin, la dernière étape consistera à concevoir les outils technologiques de gestion de l’information. Pour ce volet, il existe déjà des logiciels de gestion de l’information sur le marché. Certains ont un caractère plus général et d’autres touchent des domaines spécifiques tels que la gestion de stock, la Gestion des ressources humaines, celle des inventaires et de la relation client, etc. Mais, il est possible de concevoir des applications et logiciels, des bases de données dynamiques et complexes et même relier le tout par un intranet sécurisé ou à travers internet. Le data manager intervient dans tout le processus, mais ce sont les solutions TIC qui permettent aux dispositifs de fonctionner efficacement.

Apparemment, le data management s’apparente majoritairement au système d’informations numériques. Qu’en est-il réellement ?

Pour être plus simple, le data management s’applique dans un environnement qui est le système d’information. Mais ici, ce système prend une connotation beaucoup plus large. En effet, il est un ensemble organisé de ressources matérielles (logiciels, personnel, données et procédures). La gestion des données y est donc spécifiquement impliquée.

Quelles formations spécifiques faut-il suivre pour prétendre devenir un data manager ?

Le management de données est un ensemble complexe qui exige la maitrise de plusieurs éléments qu’on réduit sous nos cieux à l’informatique. Plus précisément, à la création de bases de données numériques (MySQL). Mais, je pense que c’est déjà un bon début. Maintenant, tout dépend de celui qui veut étudier profondément ce domaine. Il peut, s’il le désire, étendre sa formation au management des organisations, à l’économie et à la gestion…Ceci afin de renforcer son esprit d’analyse.

Il est donc possible pour le jeune entrepreneur de se former ici où faut-il impérativement aller dans les pays étrangers ?

Je recommanderai les formations étrangères. Celles-ci sont beaucoup plus complètes. Mais dans mon cas, j’ai rassemblé l’ensemble des compétences par plusieurs formations en local, ainsi que des formations à distance à travers des MOOCs. Etant engagé dans les questions de développement et de leadership au niveau national, cela m’a donné l’occasion d’effectuer très souvent des voyages à l’étranger pour me parfaire. Je n’y ai donc pas hésité à compléter mon bagage intellectuel en intégrant des réseaux professionnels formant dans ce domaine dans le monde entier. Mais, pour rassurer ceux qui désirent y approfondir leurs connaissances, il leur suffit juste de maîtriser les formations y afférents et les concilier.

En quoi le Data management peut-il aider ou amener un jeune à se lancer réellement dans l’entrepreneuriat ?

Le jeune qui a les compétences en Data Management peut proposer des services d’accompagnement structurel et innovant aux jeunes entreprises (TPE et PME) dans le cadre de la gestion des données. Il peut (lui et/ou sa petite entreprise) également leur proposer de concevoir leurs bases de données et en assurer par la même occasion leur suivi. Il peut ainsi le faire à ceux qui en éprouvent prioritairement le besoin moyennant bien sûr paiement.

Interview réalisée par Cédric KOIVOGUI pour l’hebdomadaire « entreprendre en Côte d’Ivoire » du 29 Septembre 2014 à la page quatre.

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